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Repères

AIDA

AIDA – Section genevoise

L’idée de l’Association Internationale de Défense des Artistes victimes de la répression dans le monde dont l’acronyme est AIDA (en référence à l’opéra de Verdi) naît autour de 1978 parmi les personnalités du spectacle en France, qui veulent mobiliser l’opinion publique internationale pour défendre des artistes censurés ou emprisonnés.  Fondée officiellement en France en février 1980, elle ouvre, au cours de cette même année, plusieurs sections nationales dans divers pays européens. Pour la Suisse, c’est à Genève, en septembre 1980, qu’est fondée une section genevoise d’AIDA, sous la présidence de François Rochaix, un metteur en scène et une figure emblématique de ce qu’on considère le « théâtre engagé ». Les initiateurs de l’AIDA suisse proviennent essentiellement du milieu du théâtre genevois, auxquels s’ajoutent quelques journalistes passionnés, comme Pierre Biner. L’association est cependant ouverte aux personnes de toutes professions, qui participent ponctuellement ou soutiennent diverses manifestations. Les actions menées par l’AIDA se basent sur la collaboration internationales entre diverses sections nationales, comme celle en faveur de 100 artistes argentins disparus. D’autres sont à l’initiative de diverses sections locales.

L’une des premières actions de l’Aida suisse est de s’engager pour les intellectuels et artistes tchèques, notamment par la reconstitution du procès du VONS (Comité tchèque des personnes injustement poursuivies), en collaboration avec la Télévision Suisse Romande, filmée en direct le 1er décembre 1980. Cet engagement en faveur des artistes et écrivains tchécoslovaques a perduré dans le temps. En novembre 1981 est organisée une semaine des écrivains tchécoslovaques à la Radio Suisse Romande. Un moment fort est en particulier le festival d’Avignon de juillet 1982, au cour duquel l’AIDA internationale organise « La Nuit pour Havel ».  L’Aida suisse mène également plusieurs autres actions au cours des années 1980:  en faveur des théâtres et des artistes polonais après que la loi martiale a été instaurée en Pologne ou encore en faveur du dessinateur soviétique Viatcheslav Syssoïev.

Banque d'images pour la Pologne

À l’initiative de l’artiste polonais Tadeusz Andrzej Lewandowski, résidant en France et enseignant à l’École nationale supérieure d’art de Cergy-Pontoise, avec la participation d’étudiants de cette université et de l’École des Beaux-Arts d’Orléans, plusieurs artistes français ont proposé des œuvres uniques : affiches, cartes postales et cartes de vœux créées spécialement pour cette occasion et reprenant le logo de Solidarność pour l’exposition intitulée Banque d’Image pour la Pologne. Cette exposition de plus de 200 œuvres d’art a été organisée dans la galerie d’art parisienne de Nina Dausset. L’argent récolté par la vente est reversé à Solidarność ou aux artistes polonais émigrés. 

Bureaux de poste secrets sous la loi martiale

Plusieurs dizaines de bureaux de poste ont fonctionné dans la clandestinité. Des timbres ont été imprimés par toutes les grandes organisations d’opposition clandestines, min.  Solidarność Post, Solidarność Walcząca, KPN Post, Independent Pomeranian Post, Independent Post / Poste Indépendante, Underground Post, Polish Underground State / Poste de l’État Clandestin, a, SKOS Metrum Siedlce, timbres de la maison d’édition Most et d’autres éditeurs indépendants.

CENTRALE D'ALERTE

La Centrale d’alerte (1973-1984) est créée au sein des milieux chrétiens progressistes à l’initiative de Giovanni Chicherio, curé de la paroisse de la Sainte-Trinité de Genève. La Centrale cherchait à agir à l’échelle régionale comme une sorte d’antenne de diffusion d’un réseau de solidarité romand.    

L’objectif de cette organisation était de mobiliser rapidement le plus de militants possibles autour d’une cause nécessitant un soutien urgent. Dans ce but, l’on créa un fichier regroupant les noms de tous les groupes qui adhéraient à la Centrale d’alerte, et qui d’une part voulaient l’utiliser pour trouver un appui à leurs actions et d’autre part étaient prêts à soutenir la cause d’autrui. Au total, la Centrale a relayé trente-sept appels émis par les différents groupes qui la composaient. 

Réf : Pierre Collart, Centrale d’alerte : Création, fonctionnement et limites d’un réseau de solidarité en Suisse romande (1973-1984),  Travail du Séminaire : Solidarność – Solidarité(s),  Département d’histoire générale, Université de Genève, semestre d’automne 2020.

Comité de solidarité socialiste avec les opposants des pays de l’Est (CSSOPE)

Le CSSOPE (1977-1990) est fondé à Genève en mars 1977 par des militants issus du Parti socialiste genevois, de la Ligue marxiste révolutionnaire (devenu en 1980 le Parti socialiste ouvrier) et quelques personnes indépendantes. Dans les années 1980, il s’élargit à Lausanne et au Jura. Le Comité cherche à défendre et à soutenir, au nom des principes du socialisme démocratique, des opposants et des victimes de la répression dans le pays de l’Est. Il s’engage principalement en faveur des militants syndicalistes, des militants de mouvements socialistes de diverses tendances, des opposants communistes. L’un de ses modes d’action sont des lettres et télégrammes de soutien ainsi que des pétitions envoyées pour intervenir publiquement en faveur du respect des droits de l’homme en Europe de l’Est. Le périodique Samizdat édité par le Comité, est une plateforme d’information et de réflexion, ayant l’ambition de susciter un débat plus large au sein du mouvement ouvrier. Parmi les actions menées l’on peut citer celles en faveur de militants de la Charte 77 en Tchécoslovaquie, de membres du Comité de défense des ouvriers (KOR) en Pologne et de l’Union interprofessionnelle libre des travailleurs (SMOT) en Union Soviétique. Dès août 1980, les militants du CSSOPE soutiennent le syndicat Solidarność. Le comité intervient aussi dans les années 1980 par des manifestations pour la paix et contre le réarmement, en diffusant des informations sur les mouvements pacifistes indépendants en URSS, en Pologne et en RDA.

Réf. : Collège du travail, Fonds du Comité de solidarité socialiste avec les opposants des pays de l’est (CSSOPE) Fonds CH-001784-0 CSSOPE 

Insignes de la solidarité

Les insignes de solidarité s’inscrivent dans la continuité de la tradition du XIXe siècle et font référence à la période de « Deuil National » (1861-1866), une initiative de la société polonaise destinée à manifester l’opposition aux autorités spoliatrices, à dénoncer l’oppression et à exprimer l’aspiration générale à la liberté nationale. D’abord lancée contre le pouvoir tsariste, cette initiative s’est étendue aux autres terres polonaises soumises aux forces spoliatrices, la Prusse et l’Autriche. Ce sont les femmes polonaises qui menaient cette lutte passive. Pendant le deuil, on portait des vêtements de coupe modeste et de couleur noire (puis aussi gris et violet à cause de la répression), ainsi que des bijoux simples (en métal ou en pierre artificielles, l’or étant réservé pour les activités nationales menées clandestinement) avec des allégories représentant la liberté et reprenant des symboles religieux comme la croix ou la couronne d’épines.

Dans les années 1980, les symboles figurant sur ces insignes, généralement à caractère patriotique, varient : de nombreuses épinglettes renvoient à des événements, des personnes et des lieux historiques et arborent des motifs nationaux tels que l’aigle ou le drapeau national rouge et blanc. Il est également très populaire de les accompagner de symboles religieux, comme des croix, l’image de la Vierge Marie ou des références au pèlerinages du pape Jean-Paul II en Pologne. Mais les insignes les plus connus sont ceux du syndicat autonome indépendant « Solidarité », qui portent le logo du syndicat. Fréquemment utilisés en Pologne, on les trouve aussi en Occident.

 

Les Murs

Auteurs : Jacek Kaczmarski, Przemysław Gintrowski, Zbigniew Łapinski  

La chanson « Les Murs », chantée par Jacek Kaczmarski, « barde de la Pologne et de Solidarnosc », ouvre cette exposition. Cette chanson, très populaire dans l’underground anticommuniste polonais des années 1970, est devenue l’hymne officieux de Solidarité dans les années 1980. Chantée pendant les grèves des chantiers navals puis après l’instauration de la loi martiale par le régime militaire en décembre 1981, elle était très populaire parmi les personnes incarcérées. Elle a été érigée en symbole de la lutte contre le régime communiste. Le refrain de la chanson est devenu le signal sonore de Radio Solidarność. Cependant, le message de la chanson va au-delà de la compréhension commune telle qu’acceptée dans les années 1980. La chanson parle de la façon dont la révolution et le désir d’abattre les vieilles divisions ne conduisent qu’à leur approfondissement et à la création de nouveaux murs de séparation. Le barde en effet met en garde sur le fait que les murs sont reconstruits par ceux-là même qui voulaient tant abattre les anciennes barrières. 

Les Murs  

Il était jeune et inspiré, eux – une innombrable foule 

Il leur donnait la force en chantant que l’aube est toute proche. 

Ils allumèrent mille bougies pour lui, fumantes au-dessus des têtes, 

Il chantait qu’il est temps que le mur tombe… 

Ils chantaient avec lui : 

Arrache aux murs les dents des barreaux ! 

Brise les chaînes, casse le fouet ! 

Et les murs vont tomber, tomber, tomber 

Et ensevelir le vieux monde ! 

(x2) 

  

Vite ils surent la chanson par cœur et la mélodie sans parole 

Portait en elle la vieille substance, les frissons dans les cœurs et les têtes. 

Ils chantaient donc, applaudissaient en rythme, comme des coups de feu. 

Et la chaîne était toujours lourde, l’aube tardait… 

Et lui, il chantait et jouait : 

  

Arrache aux murs les dents des barreaux ! 

Brise les chaînes, casse le fouet ! 

Et les murs vont tomber, tomber, tomber 

Et ensevelir le vieux monde ! 

(x2) 

  

Et ils ont compris comme ils étaient nombreux, ressenti la force et le temps, 

Et chantant que l’aube est toute proche, ils ont inondé les rues des villes ; 

Ils faisaient tomber les statues, les arrachaient – Celui-ci est avec nous ! 

Celui-ci est contre ! Le solitaire est notre pire ennemi ! 

Et le barde était tout seul. 

 

Il regardait les foules marchant au pas, 

En silence il écoutait le tonnerre de leurs pas, 

Et les murs montaient, montaient, montaient, 

La chaîne se balançait aux pieds… 

  

Il regarde les foules marchant au pas 

En silence il écoute le tonnerre de leurs pas, 

Et les murs montent, montent, montent, 

La chaîne se balance aux pieds… 

 

Mury 

 

On natchniony i młody był, ich nie policzyłby nikt 

On im dodawał pieśnią sił, śpiewał że blisko już świt. 

Świec tysiące palili mu, znad głów podnosił się dym, 

Śpiewał, że czas by runął mur… 

Oni śpiewali wraz z nim  : 

 

Wyrwij murom zęby krat! 

Zerwij kajdany, połam bat! 

A mury runą, runą, runą 

I pogrzebią stary świat! 

(x2) 

  

Wkrótce na pamięć znali pieśń i sama melodia bez słów 

Niosła ze sobą starą treść, dreszcze na wskroś serc i głów. 

Śpiewali więc, klaskali w rytm, jak wystrzał poklask ich brzmiał, 

I ciążył łańcuch, zwlekał świt… 

On wciąż śpiewał i grał: 

Wyrwij murom zęby krat! 

Zerwij kajdany, połam bat! 

A mury runą, runą, runą 

I pogrzebią stary świat! 

(x2) 

  

Aż zobaczyli ilu ich, poczuli siłę i czas, 

I z pieśnią, że już blisko świt szli ulicami miast; 

Zwalali pomniki i rwali bruk – Ten z nami! Ten przeciw nam! 

Kto sam ten nasz najgorszy wróg! 

A śpiewak także był sam. 

 

 Patrzył na równy tłumów marsz, 

Milczał wsłuchany w kroków huk, 

A mury rosły, rosły, rosły 

Łańcuch kołysał się u nóg… 

Patrzy na równy tłumów marsz, 

Milczy wsłuchany w kroków huk, 

A mury rosną, rosną, rosną 

Łańcuch kołysze się u nóg…